Hendrix, c’est l’histoire d’une enfance brisée. Brisée par l’alcool, brisée par la drogue et brisée par toutes les conneries que ses parents ont faites. Brisée par le peu d’affection qu’il a eu, brisée par le départ de sa mère et les voyages incessants de son père. Brisée par toutes les journées qu’il passait, seul, chez lui, dans sa petite chambre, dans sa banlieue, en train de se demander où était sa mère. Brisée par le fait, qu’en réalité, ses parents n’ont jamais voulu d’enfant. Brisée par cette idée incessante qu’ils ne l’ont jamais aimé.
Hendrix, c’est l’histoire d’un gamin qui a grandi trop vite. Bien trop vite pour aller bien, bien trop vite pour se sentir quelque part à sa place. Tous les jours quand il rentrait de son école, seul, à pied, il contemplait ses camarades heureux qui sautaient dans les bras de leur maman, qui riait avec leur papa. Lui il repensait à son papa à lui, sa cravate défaite, une bouteille à la main, en train de se lamenter car rien n’allait plus. Lui il repensait à sa maman à lui, quand elle était partie, qu’elle lui avait dit pour la première fois de sa vie qu’elle l’aimait mais qu’elle n’avait vraiment pas le choix. Il l’avait écouté, mais il n’avait jamais compris ce qu’il lui avait pris.
Hendrix, c’est l’histoire d’un petit brun, à la gueule d’ange et au langage franc. Dès qu’il est entré au collège, les filles ont commencé à lui tourner autour, et lui il a commencé à se chercher. Même si son père ne se calmait pas, même si sa mère ne l’appelait presque pas, il allait mieux. Il avait des amis, on l’aimait, il avait une copine, on le respectait. Il a commencé à évoluer, à grandir, à se découvrir. Un sourire éclairait constamment ses lèvres, parce qu’il avait fini par comprendre que c’était le seul moyen de surmonter tout ça. Il savait que la vérité faisait mal, alors Hendrix, il mentait. Pour le bien de tous. Il disait avoir juste des parents divorcés, juste un père un peu taré, juste une mère à l’étranger. Les mensonges résonnaient dans sa gorge, l’étouffaient, mais il tentait de l’ignorer.
Hendrix, c’est l’histoire d’une famille compliquée. Si son père buvait, il ne l’a jamais frappé, bien que très souvent insulté. Son fils avait beau en avoir peur, il n’a jamais cessé de l’aimer. Puis un beau jour, sa mère s’est pointée. T’as un frère, chéri. Il fallait que j’aille voir comment il allait. Un jumeau, qu’Hendrix avait. Une putain de frère jumeau qui avait grandi dans des quartiers chics de New-York alors que lui crevait d’envie de se barrer de sa banlieue. Un frère gentil, adorable avec qui sa mère avait passé les trois dernières années. Alors Hendrix a commencé à crier, à gueuler, à exprimer tout ce qu’il ressentait. Sa mère, stupéfiée, l’écoutait. Son père, sobre, l’écoutait. Son jumeau, choqué, l’écoutait. Ce dernier n’était au courant de rien, pendant seize ans il avait vécu avec cette angoisse qu’avait les enfants adoptés et là, qu’il retrouvait ceux qu’il avait toujours espéré voir, son propre jumeau engueulait tout ce qui passait. Alors il prit sa défense. Hendrix lui sourit et ils crièrent sur leurs parents. Ensemble.
Hendrix, c’est l’histoire d’un lycéen qui est parti de sa banlieue miteuse pour habiter autre part. Qui a accepté son frère jumeau et qui l’a défendu toute sa vie. Hendrix, il s’est reconstruit. Il a toujours une haine inhumaine contre ses deux géniteurs mais il se contrôle. Il survit tant qu’il peut, pour ainsi dire. Son lycée, il l’a passé dans l’élite de la popularité, faisant accéder son jumeau à ce rang également. Et c’est à cette période-là de sa vie qu’il a commencé à fumer, à cloper comme un forcené. Comme un clochard. Ça lui plaisait et ça faisait bien en soirée. Le problème, c’est qu’on lui dit d’arrêter mais que lui il ne veut pas. Il s’en fout de sa santé.
Hendrix, maintenant, c’est un étudiant de la grosse pomme. Un vrai de vrai. Il est en littérature et il assume, il aime ça, voilà. Il a rencontré une fille qui s’est détachée des autres. Et il l’aime, il l’aime à en crever, même. Mais chut, ça c’est un secret.