Il avait pour habitude d’être très matinal, adorant prendre son temps pour sa douche, son déjeuner, sans parler de son petit footing qu’il faisait tous les jours depuis des années maintenant. Même malade, il allait jusqu’au bout de ses objectifs et ne relâchait jamais ses efforts ! Ses amis le savait, Yohan était un vrai battant. Qu’il fasse deux, trois, quatre degrés, qu’importe ! Qu’il fasse une chaleur insupportable, qu’importe ! Mais il lui arrivait parfois de vouloir rester chez lui, de ne pas avoir forcement envie d’aller courir, pour une raison valable ou non d’ailleurs. Disons que ses complications avec le basket-ball commençaient à le démoraliser et à le démotiver, c’était toujours comme ça avec Yohan. Empêchez le de faire ce qu’il aimait, et le voilà plongeait dans un désarroi des plus incroyables ! Quoiqu’il en soit, ce jour-là, il avait décidé de rester chez lui et de ne pas trop se donner. Depuis peu de temps, il s’était officiellement mis en couple avec Phoenix, et cette nouvelle façon de voir le monde lui plaisait bien. Il avait, de ce fait, envie de rester dans sa bulle et craignait qu’on vienne le déranger. Il était donc tranquillement dans son lit ce matin-là, à peine réveillé, qu’il entendit son téléphone vibrer. Assez curieusement, il l’attrapa et fit défiler les messages, jusqu’à tomber sur l’un de Safia qui lui demandait de se présenter à elle dans très peu de temps. La raison ? Remise à niveau de ses jambes de « déesse » comme elle les jugeait. Un sourire apparut sur le visage de l’Américain qui poussa un petit soupir exaspéré face à la bêtise de la demoiselle.

Safia était sa meilleure-amie depuis maintenant un sacré bout de temps. Ils avaient toujours été très proches et assez fusionnels, si bien qu’on pouvait parfois les prendre pour un couple d’amoureux, alors qu’ils n’étaient rien d’autre que les meilleurs amis du monde. Safia était la seule vers laquelle Yohan parvenait à se tourner quand ça allait mal. Elle était toujours au courant de tout, et c’était pour cette raison qu’il la trouvait particulière, et différente surtout du reste des gens qu’il connaissait. La question n’était pas là, Yohan avait donc un rendez-vous avec Safia, et mieux valait ne pas la faire attendre ! Il se leva donc de son lit et alla prendre une douche chaude, puisque frileux comme il était, mieux valait ne pas exagérer sur la température de l’eau. La sortie de la salle de bain se fit en un quart-d’heure même pas, s’habillant d’un survêtement noir et d’un haut rouge. Il se fichait totalement de l’apparence qu’il aurait, puisque après tout, il était là pour Safia, non ? Sa veste noire ne tarda pas à rejoindre ses épaules de sportif, alors qu’il noua ses lacets, attrapa téléphone, ventoline et le reste, et se précipita à l’extérieur du bâtiment, assez impatient de la revoir.

Cela faisait quelque temps qu’il n’avait plus vu la demoiselle, et elle ne tarda pas à lui rappeler à quel point elle n’était pas vraiment quelqu’un de rapide. Attendant pendant plus d’un quart d’heure, les bras croisés, le garçon entendit finalement une voix féminine qu’il connaissait bien, arriver jusqu’à ses oreilles. « Salut toi, tu attends quelqu'un peut-être ? » La voilà, en forme et d’humeur taquine ! Un sourire apparut sur les lèvres de Yohan qui secoua la tête en levant les yeux au ciel. Il la contempla faire des étirements, certainement pour impressionner, pour quoi d’autre, sinon ? « Allez, dépêche toi je t'attends, il faut brûler des calories mon grand ! » Un rire sincère sortit des lèvres du basketteur qui s’empressa de pointer le ventre de la demoiselle.  « Je ne suis pas du tout du genre à attendre les gens, moi. Encore en retard ! Comment tu vas ? Et... Oui, en effet, il vaudrait mieux brûler des calories, ma grande ! Ça commence à s’empiler dangereusement ! » lança-t-il en rigolant, venant lui embrasser la joue, en commençant à trottiner. « Allez, on accélère ! Je ne t’attends pas, tu es prévenue ! » Commençant tranquillement à avancer, il attendit patiemment de voir si Safia était assez courageuse pour suivre son rythme, où si elle allait céder à la tentation d’aller manger une bonne glace dans le magasin d’en face.

La taquinerie et la plaisanterie étaient deux choses principalement importantes dans l’amitié qui unissait Yohan et Safia. Sans ces deux critères-là, au final, leur amitié n’aurait pu être si forte que ce qu’elle était actuellement. Il avait toujours eu le don et la facilité à comprendre chaque fait et geste de Safia. Il connaissait réellement tout de cette jeune-fille, que ce soit aussi bien mentalement parlant, que physiquement. À la simple intonation de son bonjour, il était capable de dire avec certitude, si cette dernière allait bien ou non. Si elle arrivait à cacher parfois son jeu avec le reste de ses amis, ce n’était pas le cas pour Yohan. Il lisait en elle comme dans un livre ouvert, et il fallait dire que cela pouvait poser problème, aussi bien pour lui que pour elle. Puisque étant donné qu’il avait cette facilité à tout deviner facilement, Safia était aussi en mesure de dire si oui, ou non, il allait mal. Parfois, l’homme n’a pas forcement envie de se confier, d’expliquer son malheur, la raison de sa tristesse et de sa souffrance. Mais pourtant, entre les deux, ils n’avaient pas le choix. Quand l’un allait mal, l’autre savait une heure après ce qui se passait. Une relation fusionnelle, direz-vous. C’était exactement ça. Jamais Yohan n’avait réussi à être aussi en confiance avec quelqu’un, mais Safia était l’exception à la règle. Elle avait su gagner la confiance de Yohan et avait su surtout s’implanter en son cœur, comme une belle petite fleur se développant à sa manière. Douée, n’est-ce pas ? La présence de Safia avait, de toute façon, toujours été obligatoire pour le basketteur. Ne pas avoir de ses nouvelles pendant une semaine pouvait le mettre dans tous ses états. Un peu trop inquiet, certainement, mais il était comme ça, et Safia le savait parfaitement.Il était d’ailleurs conscient que ce lien si fort entre les deux, pouvait posé problème, aussi bien du côté relation amoureuse de Safia, que du sien d’ailleurs. Rares étaient les gens qui les prenaient juste pour de simples amis, et pourtant, c’était seulement ce qu’ils étaient. La relation était tout de même assez délicate, et ils en avaient pleinement conscience.

Dans tous les cas, ils n’étaient sûrement pas là pour blablatter sur telle ou telle chose les concernant. Safia lui avait passé un appel à l’aide, et il se devait de répondre à ses besoins, à savoir l’aider à brûler un maximum de calories. Mais tester la résistance de Safia intéressait fortement le basketteur. Serait-elle capable de résister à la tentation d’une bonne glace au chocolat ? Peut-être ferait-il le test plus tard ! Pour l’heure, il se contenta de taquiner Safia, comme à son habitude. « Je vais bien comme toujours, tu me connais ! Et toi alors, dis-moi tout ! Concernant mes calories en trop, elles et moi nous t'emmerdons Monsieur. » Le doigt d’honneur qui suivit cette action ne fut d’ailleurs pas très surprenant, si bien que Yohan le lui rendit le plus poliment du monde. « Écoute Safia, moi je n’y peux rien si tu restes posée sur ton canapé, à manger des tonnes de glaces devant tes films à l’eau de rose. Je ne fais que constater la réalité. Tu n’as pas le droit de m’en vouloir ! » lança-t-il en lui tirant la langue. « Attend moi, tu as des choses à me raconter ! Et n'oublie pas que je suis une fumeuse ! » La tête de Yohan se secoua doucement de droite à gauche, comme exaspéré par la situation. « Et moi je suis malade, alors ne te plains pas ! Excuse rejetée ! Et je n’ai rien à te raconter ! Je n’aime pas parler de choses sérieuses aux petites filles, désolé. » plaisanta-t-il alors qu’ils continuèrent leur petit footing. Bien vite, cependant, il constata que Safia n’était pas forcement en forme pour commencer directement par un sport assez intense. Il fallait donc y aller doucement. Alors qu’ils avaient débuté une série d’étirements, Safia lança : « Alors, quoi de nouveau depuis la dernière fois ? Tu dois en avoir des choses à me dire Don Juan »  Oui, il avait des choses à lui dire, surtout concernant sa relation avec Phoenix. Un doux sourire anima les lèvres du brun, alors qu’il continua de s’étirer sans relâcher les efforts. « Eh bien... Tu te souviens de Phoenix ? Bien-sûr que tu t’en souviens, je t’en parle tellement. J’ai finalement pris mon courage à deux mains pour lui dire ce qu’elle représentait pour moi, et avec une chance incroyable, ses sentiments à elle n’avait pas bougé... J’ai enfin concrétisé la chose.. Et cette fois, c’est du sérieux. Je me sens amoureux depuis tant de temps. Ton surnom n’a pas lieu d’être ! Je ne suis pas un libertin qui va à droite à gauche ! J’ai juste eu quelques relations, de seulement quelques semaines, mais quand-même... Ma liste n’est pas si grande que ça, tu sais bien que ce n’est pas mon délire. » lança-t-il en souriant, avant de regarder la plage. « Bon, viens par là ! Tu vas me faire une série de pompe et m’expliquer ta petite vie à toi ! »

« J'oublie toujours ce détail-là excuse moi Yohanichou. Mais, je ne suis pas une petite fille je peux tout entendre hein ! » Yohan la regarda un instant, d’un air assez blasé. Comment pouvait-elle oublier que son meilleur-ami était asthmatique ? Assez étrange pour le coup, comme réponse ! Mais il se doutait qu’elle blaguait certainement, ou qu’elle était simplement vraiment tête en l’air. Mais dans le fond, il avait beau faire l’homme surpris, cela lui faisait plaisir. Pour une fois, on ne s’attardait pas sur lui et sa maladie, sur son pauvre sort qu’on jugeait trop souvent « dommage ». Bien-sûr, que ça l’était ! Mais entendre toute la journée des craintes, des doutes, des rumeurs circulant à propos de sa forme physique était une chose qu’il commençait à ne plus savoir gérer. Alors dans un sens, il remerciait silencieusement Safia de ne pas faire trop de manière concernant son asthme. Certains auraient pu refuser de s’entraîner avec lui de peur de l’essouffler, mais sa meilleure-amie semblait être un peu plus ouverte à ce genre de propositions, et c’était d’ailleurs de tant mieux. Bien qu’elle soit sûrement l’une des plus grandes chieuses que Yohan connaisse en terme de plaintes, Safia avait un mental d’enfer. « Eh bien ravi de savoir que je pourrais crever dans tes bras sans que tu saches quoi faire, et pour cause, tu as oublié que j’étais malade. » lança-t-il en éclatant de rire, puisqu’il la taquinait. Ce n’était pas un reproche et il savait qu’elle le comprendrait, d’ailleurs. Il la regarda donc exercer les échauffements, alors qu’il s’était permis de s’arrêter pour lui annoncer son heureuse nouvelle, qui d’ailleurs eut l’effet de satisfaire, visiblement Safia, qui lui sauta dessus. Un sourire apparut donc sur les lèvres du basketteur, alors qu’il la serra un instant dans ses bras. « Mais c'est formidable ça, je suis heureuse pour toi, tu le mérites il était temps ! »

Il était temps ? Oui, après plus d’un an à résister à des tentions atroces, il était réellement temps. Il n’arrivait toujours pas à se dire que le cap avait été franchi, qu’ils allaient être enfin vu ensemble comme un couple, et non pas comme des amis. Il pourrait désormais lui tenir la main en pleine rue, la harceler de messages pour des raisons valables. Et surtout, pourrait lui dire tous les soirs ce qu’il voulait, sans craindre quoique ce soit. Assez content de la réaction de Safia, il lui embrassa le front et la repoussa aussitôt pour qu’elle fasse les pompes. « C’est gentil, merci. Je suis content de savoir que je peux enfin être posé tranquillement. Je te la présenterai un jour ! Et tu me diras ce que tu en penses ! » lança-t-il tout enjoué à l’idée de lui présenter sa petite-amie. Mais la temps n’était plus aux rigolades, alors que le basketteur corrigeait quelques détails sur les pompes que faisait Safia. « hmm.. tu sais, je t'envie, toi tu as trouvé chaussure à ton pied, pour ma part c'est un peu plus compliqué tout ça... Sinon, mes études se passent bien et je sors toujours autant qu'avant tu sais comment je suis ... mais ça s'arrête là. » Un regard interogateur se posa finalement sur Safia, alors qu’il croisa les bras. « Je te demande pardon ? Comment ça c’est compliqué ? Tu es jolie comme un cœur, et tu es vraiment le type de femme dont tous les hommes rêvent. Si j’étais plus jeune, tu sais bien que je t’aurais déjà épousé, n’est-ce pas ? » dit-il pour la taquiner, dans le but de la faire sourire aussi. Il s’abaissa à son niveau et lui effleura la joue du dos de ses doigts. « Puis rien n’est pressé. Tu n’as que 23 ans, tu trouveras tôt ou tard. Regarde combien de temps je suis resté sans connaître vraiment l’amour. Par contre laisse moi douter pour tes études, vu le temps que tu passes à faire la fête, ça m’étonnerait que tout roule bien ! » murmura-t-il avec son éternel sourire. « Donc, tu n’as personne en vue ? Personne qui ne t’attire ne serait-ce qu’un petit peu ? »