Les yeux encore fermés, Yohan peinait à se réveiller. La veille avait été assez mouvementée pour lui, puisqu’il avait passé sa soiré devant des rediffusions de matchs de basket-ball qu’il ne cessait de vouloir voir et revoir à n’importe quelle heure de la journée. Il s’était par conséquent, couché assez tard et le résultat était là ; incapable de se lever. Pourtant, il devait répondre à son devoir, à savoir, celui d’aller courir, comme tous les matins. Pour un sportif professionnel, garder la forme était quelque chose de vitale, et il fallait dire que suite à l’arrêt des entraînements de basket-ball, Yohan n’avait pas réellement pris le temps d’aller courir. Il se laissait aller et profiter plutôt de ses amis, surtout d’une en particulière, vu qu’il s’agissait de Phoenix. Quoiqu’il en soit, la question ne se posait pas ce jour-là. Il était ici dans un but bien précis, à savoir combattre son asthme et atteindre le sommet. Même si cela lui semblait délicat, il parviendrait à devenir un de ces basketteurs mondialement appréciés. Il ferait tout pour, en tout cas. Le soleil ne tarda donc pas à venir taper de plein fouet le visage du jeune-homme, qui se tournait dans son lit en tentant d’éviter de s’énerver après dame nature. Ses yeux s’entrouvrirent et il put apercevoir l’heure, assez matinale, pour le coup. Mais cela ne l’étonnait pas, à New-York, le soleil prenait un malin plaisir à se lever à des heures impressionnantes.

Le garçon poussa un soupir et se frotta doucement le visage en daignant enfin de se relever. Il avait besoin d’aller courir, il le sentait, et cette journée ensoleillée l’aiderait certainement à décompresser un maximum. Il se leva donc de son grand lit et partit en direction de la cuisine, où il attrapa son bol et se fit un petit chocolat chaud, tandis ce qu’il alluma la télé et laissa couler les informations. Il adorait regarder les chaînes culturelles et sources d’informations concernant le monde entier, mais ses chaînes préférées restaient celles de sport. Après avoir observé pendant de longues minutes l’extérieur de New-York et avoir bu son chocolat, le basketteur prit finalement la résolution de passer sous la douche. Il alla donc sous l’eau froide et y resta pendant une bonne quinzaine de minutes, dans le but de se remettre les idées en place, et de se réveiller comme il le fallait. La journée s’annonçait assez bonne et enrichissante ! Comme à son habitude, il s’habilla ensuite d’un de ses joggings gris foncé, enfila un petit haut blanc, se coiffa en vitesse grand v, se brossa les dents, se parfuma, enfila ses chaussures, et le voilà fin prêt pour aller courir dans Central Park, lieu favori pour les fanatiques du footing.

Et le voilà déjà sortie de son appartement après avoir pris ses clés, son téléphone, mais également sa ventoline. Pour un asthmatique comme Yohan, il valait mieux être prudent, et laisser son médicament ici ne lui semblait pas être une bonne idée. Accompagné de Floppi, son petit chihuahua , le garçon descendit les marches du bâtiment, puis débuta sa petite course. Tout en faisant très attention à son souffle et au reste, Yohan jetait des petits coups d’oeil de droite à gauche, et décida de couper la route pour rentrer dans Central Park. Une fois ceci fait, il ne s’arrêta pas de courir et écoutait tranquillement sa musique, lorsque des rires vinrent l’interpeller. Il haussa un sourcil et enleva un de ses écouteurs, observant autour de lui l’activité de Central Park. Il remarqua par conséquent et assez rapidement, un petit nombre de joggeurs qui s’étaient arrêtés et semblaient rigoler. Cela intriguait Yohan qui alla donc voir de quoi il s’agissait, et lorsqu’il vit la une silhouette au sol, il ne put s’empêcher de rire doucement. Alors que les coureurs reprirent leur activité, Yohan s’avança vers la demoiselle, et la regarda un instant en soupirant. « Ma pauvre Lexie, qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi... » Il lui fit un adorable sourire et l’aida à se relever en la regardant dans les yeux, jusqu’à venir la prendre dans ses bras en embrassant sa joue avec force et amour. « Ça faisait longtemps que je n’avais plus vu ta petite tête ! Comment tu vas ? »

Croiser quelqu’un qui lui est proche, était toujours un réel plaisir pour le basketteur. Ces derniers temps, il se laissait bizarrement emprisonner par une tristesse qui était inconnue pour la plupart de ses proches. En réalité, il n’aimait pas dire qu’il allait mal, et adorait crier au monde qu’il allait bien. C’était, à son goût, la seule façon de prouver qu’il était courageux, qu’il n’aimait pas que l’on s’apitoie sur son sort. Bon nombre de ses amis lui avaient déjà fait la remarque et lui avaient déjà demandé de cesser de vouloir toujours faire le grand gaillard, comme quoi cela ne menait à rien. Dans un sens, ils avaient touché une part de vérité, car faire croire que tout allait toujours bien n’aidait pas réellement une personne à s’en sortir, bien au contraire. Yohan en avait pris conscience au fil du temps, et malgré cela, il avait continué à rester enfermer dans son mutisme, continuant à assurer à son entourage qu’il savait se gérer tout seul. Têtu ? Totalement, c’était l’un de ses plus grands défauts, certainement. Quoiqu’il en soit, cette tristesse n’était pas vraiment importante, bien que pour lui, elle soit justifiée et surtout cruelle. Il s’agissait une nouvelle fois de l’emprise qu’avait son asthme sur lui, sur sa vie de tous les jours. Plus le temps avançait, plus il était convaincu qu’il ne pourrait finir son règne de basketteur professionnel. Le coach, les coéquipiers, et lui-même ne pouvaient le nier ; son asthme devenait un peu trop important pour pouvoir le garder dans l’équipe, dans un premier temps pour préserver sa santé, mais dans un deuxième, pour ne pas handicaper l’ensemble des Knicks.

C’était pour cette raison qu’il appréciait la compagnie de ses amis les plus proches ou non d’ailleurs. Et Lexie faisait partie de ce petit groupe qu’il appelait « les intimes ». Même si elle était un peu plus jeune que lui et peut-être un peu tête en l’air, Yohan ne pouvait jamais se passer réellement de sa compagnie. Ils s’appelaient quelques fois et s’envoyaient souvent des messages pour prendre des nouvelles, ou simplement pour taquiner l’autre. Il avait ce besoin de la savoir en bonne santé et surtout heureuse, et cette situation semblait être réciproque pour Lexie. Elle était, après tout, l’une des premières personnes qu’il avait rencontré à New-York, et cela restait quelque chose de très important aux yeux de Yohan. Il venait donc de la relever et de la remettre sur pieds, alors que peu à peu, la foule s’étant crée autour d’elle pour rigoler et admirer le spectacle de sa chute, commençait peu à peu à se retirer. Les gens reprenaient leur activité, comme si de rien était, et ils avaient bien raison. Yohan quant à lui cessa totalement sa course, gardant au creux de ses bras la blonde, qui lui répondit avec humour. « Je crois que tu devrais me confisquer mes baskets et me dire d’arrêter de courir enfin d’essayer car je risque de passer l’été en pantalon avec pulls pour camoufler les croûtes trop moches qui vont se former sur mes magnifiques jambes de rêve ! » Le rire de Yohan se fit entendre, alors qu’il hocha la tête. Il était bien d’accord sur cette idée-là.

« Ah merci mon sauveur de la journée. Et bien hormis le fait que je me sois lamentablement ramassé les fesses sur le goudron après avoir parcouru 200 mètres ça va plutôt pas mal et toi mon chou qu’est-ce que tu me racontes beau ? » Lexie se portait bien, c’était l’essentiel. Le plus étrange, et ce qui, d’ailleurs, plaisait atrocement à Yohan, c’était le fait qu’elle n’ait pas pris mal le fait qu’elle se soit totalement ridiculisée devant des tas de personnes. Si Yohan avait été à sa place, il aurait certainement rougi et aurait été terriblement gêné. Il était quelqu’un de très timide, malgré les apparences. Quoiqu’il en soit, son regard se posa donc sur la demoiselle à qui, il sourit gentiment. « Plutôt que de t’enlever tes baskets, je pense t’enlever le surplus de peau qui est entrain de se former sur tes si belles chevilles. » Il rigola tendrement, puis haussa faiblement les épaules avant de la libérer de ses bras. « Moi, la routine tu sais. Rien de bien extraordinaire. Le coach est entrain de voir s’il va me laisser jouer ou non pour le prochain match. J’espère qu’il dira oui, ça m’embêterait de devoir regarder mes potes derrière ma télé. » Il fit une petite moue, faisant rapidement comprendre que c’était son soucis principal. « Mais bon, on verra bien ! Qu’est-ce que tu as prévu ? Ça te dis qu’on aille manger un bout ensemble ? Ça fait longtemps que je ne t’ai plus vu ! J’ai presque failli oublier ta tête ! »

Si pour lui, le basket-ball était le sport qu’il désirait pratiquer jusqu’à la fin de sa vie, pour d’autres, qu’une sorte de piège, enfermant Yohan à vouloir se dépasser, à toujours vouloir être capable de faire mieux que les fois précédentes. Qui dit efforts trop persistants, dit également maladie ressurgissant. Son asthme était clairement son plus grand handicap, et s’il faisait mine de ne pas s’en inquiéter plus que cela, ce n’était pas le cas de Lexie, qui avait déjà tenue des milliers de discours au garçon, concernant son asthme. Il comprenait parfaitement son inquiétude, espérait qu’elle finirait par être, néanmoins, rassurait. À chaque fois qu’il avait eu le malheur d’avoir une crise d’asthme en sa présence, il se souvenait de ses expressions visiblement contrariées, même apeurées peut-être. Lexie était une amie vraiment proche, et le lien qui unissait les deux protagonistes était principalement basé sur une protection de l’un, et de l’autre, ponctué aussi par une jalousie fraternelle. En quelques sortes, même si Lexie ne savait pas forcement le passé de Yohan, elle connaissait son présent, et il savait qu’il pouvait se tourner vers elle en cas de problèmes. Généralement, c’était avec elle qu’il parlait le plus de son asthme, parce qu’elle semblait être celle qui s’en inquiétait le plus également. Il était toujours attiré vers l’étrange, au final.

Il comprenait donc la peur de Lexie et le soulagement qu’elle aurait pu avoir si le coach appelait Yohan pour lui dire qu’il ne pourrait jouer pour la prochaine tournée de matchs. Cependant, d’un autre côté, elle devait sûrement comprendre qu’il avait besoin de jouer pour se sentir bien et pleinement heureux. Il n’y avait qu’en présence d’un ballon qu’il pouvait se sentir pleinement comblé, et Lexie le savait déjà bien assez. Cependant la demoiselle n’hésita pas à expliquer son point de vue à Yohan, chose qu’il appréciait, quelque part. « Tu connais mon sentiment là-dessus, la peur n’évite pas le danger j’espère sincèrement que ton coach fera le bon choix en te mettant titulaire sur ce match. Malheureusement ton asthme ne l’aide pas dans sa prise de décision, tu joues si bien mais c’est si dangereux aussi. » Yohan la regarda un instant, haussant les épaules en faisant la moue. La grimace que fit par la suite Lexie eut pour effet de faire sourire tendrement Yohan. Elle avait toujours une facilité déconcertante à l’amuser, même après un sujet fâcheux. Quelque part, il était un peu en colère de savoir qu’on ne voyait que le danger, quand on prononçait le nom « Mat’Connor ». Il était même très agacé de savoir qu’il n’aspirait qu’à ça, qu’au risque de danger, qu’à son asthme, au final. « Et bien je pensais faire le tour du parc en courant mais c’est tombé à l’eau, rien de prévu sinon à l’horizon pour le reste de la journée appart un plateau télé en compagnie de mon chat. Un petit resto ne serait bien entendu pas de refus. Alors pour ne pas oublier ma tête je t’enverrais une photo de moi tous les jours pour t’éviter ce malheureux incident de ne pas me reconnaître la prochaine fois. Il n’est pas tout à fait l’heure pour aller manger, ça te dis de faire un tour dans le parc comme ça Floppi pourra défouler ses petites papattes ? »

Yohan regarda un instant son petit chiot, puis sourit faiblement en hochant la tête, lui tendant son bras afin qu’elle le lui prenne, afin de marcher à ses côtés. « Nous n’allons tout de même pas déjeuner maintenant, voyons. N’ayez crainte jeune demoiselle. » dit-il en souriant, alors qu’il commença à marcher à ses côtés, profitant de la nature qui les entourait. Puis Floppi ne semblait pas dire non. « Oui, mais si je suis ton raisonnement, je suis condamné à rester assis sur le banc, à regarder mes coéquipiers courir et à ne rien pouvoir faire ? Je veux dire, je n’aime pas vraiment ce genre de situation. Tu sais à quel point c’est important pour moi... Puis pour mon asthme, ce n’est pas si grave. J’en ai vraiment marre que l’on ait une image de moi comme étant un pauvre basketteur malade. C’est vraiment pas agréable.. Et puis j’aime pas du tout la façon dont tu t’inquiètes. » lança-t-il en faisant la moue. Il comprenait qu’elle puisse s’inquiéter, mais ne supportait juste pas cela. Il culpabilisait toujours de la frousse qu’il avait pu faire à certaines personnes. Ils continuèrent donc de marcher, puis au bout d’un moment, Yohan se stoppa net, et regarda la demoiselle un long moment. « Au fait, je t’ai déjà parlé de Phoenix ? »

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