your life in the city.
« Mademoiselle ! Mademoiselle ! C’est l’heure de manger ! Éteignez cette console de malheur et venez-vous asseoir à table sinon le saumon va refroidir ! ». Cette foutue espagnole essayait tant bien que mal de me faire manger -Maya qu'elle s'appelait- et chaque soir, c’était la même chose…
« Même pas en rêve ! J’suis presque au niveau 50 quoi ! Et en plus, on se tape encore du poiscaille ! Beurk ! ». Je lui menais la vie dure… Avec moi, le simple fait de me faire prendre une douche devenait mission impossible. Pourtant, elle se donnait du mal, mes parents faisaient tout pour la convaincre de rester car pour lui, c’était la meilleure parmi toutes celles qui sont passées avant elle… Et oui, je lui en faisais baver, comme les autres « nannys » passées avant et je peux vous dire qu’elles ne faisaient pas long feu. Mais au fond, j’étais plus ou moins consciente du mal que je faisais, et je ne le faisais ni gratuitement, ni par pure méchanceté, ce n’était pas dans ma nature. Pourquoi ce comportement alors ? C’est simple, l’absence de parents, une solitude omniprésente… Un mal-être déjà très profond me submergeait alors que je n’avais que 8 ans... Mais heureusement, j’avais une échappatoire. L’argent. Le seul parent que je n’ai jamais eu… Il m’a toujours protégé, m’a permis d’avoir pleins d’amis –faux ou vrais- auprès de moi, a calmé mes ardeurs quand j’étais en colère, m’a toujours offert tout ce que je désirais, et il continuera jusqu’à ma mon dernier souffle.
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16 ans… Ça faisait 6 ans qu'on a emménagé à New York. Je n'étais pas encore majeure, mais je voyais déjà tout en grand. Comme par exemple lorsque j’ai organisé ma plus grande soirée. 1200 invités, dont les trois quarts m’étaient inconnus, qui allaient se retrouver dans la boite de nuit la plus huppée du Pays de Galles, réservée avec les 20.000 dollars de papa, mais ce n’était rien face à ses 60.000 mensuels. Voilà l’exemple qu’il me donnait : L’argent fait tout. Après tout, c’était le moins qu’il puisse faire pour au moins faire semblant que je compte pour lui et qu’il m’aime…
« Tu ne trouves pas qu’il y a un peu trop de personnes ? » Juanita... Sa ténacité et son fort caractère ont fait qu'elle est toujours là, elle me collait toujours autant, et moi je la détestais toujours autant… Enfin on s’est quand même quelques peu rapprochés au fil du temps et maintenant elle me tutoyait, mais j’étais toujours aussi dure avec elle. Les invités ne se faisaient plus attendre et j’allais passer une fête de folie qui battra son plein jusqu’au lendemain matin, attendant impatiemment la Bentley qu’on allait m’offrir comme cadeau d’anniversaire.
En cours, je n’étais ni bonne ni mauvaise, en fait je ne me forçais pas plus que ça, j’avais la tête ailleurs. Je me démerdais comme je le pouvais pour gérer les cours, sorties entre amis et le sport… En parlant de sport, le volley c’est ma passion. Ma mère m’y a inscrite lorsque j’avais 11 ans et depuis je ne m’en passais plus. J’y ai découvert comme une manière de me lâcher, une sorte de liberté incroyable qui me rendait toujours de bonne humeur quoi qu’il arrive. Je m’y suis donc énormément investi et j’eus atteint un excellent niveau très vite, à tel point que je fus la capitaine de l’équipe de l’Université après seulement 2 années. Rien ne semblait mal aller à cette époque de ma vie, seulement voilà, Maman est morte un matin d’un accident d’avion alors qu’elle partait en voyage d’affaires, encore une fois. J’avais 17 ans. Étrangement, pas une larme n’avait coulé lors de son enterrement, pas de mes yeux en tout cas… A la place, une haine grandissante m’envahissait, je lui en voulais tellement… Elle qui n’a –quasiment- jamais été là pour moi, le seul contact que j’avais avec elle, c’était au téléphone, ou lorsqu’elle m’envoyait quelques lettres, histoire de montrer qu’elle était bien vivante. Et ce n’étais pas maintenant que tout allait s’arranger. Il me restait mon père, c’était déjà ça n’est-ce pas ?
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20 ans maintenant. Ca fait 3 ans que maman est morte et ça n’a crée aucun vide… J’ai grandit, je suis devenue mature et responsable. Enfin oui ce que tout le monde est censé être, sauf moi. Je suis un peu plus facile à vivre pour Maya –Oui elle est encore là, elle fait partie de la famille maintenant- même s’il reste des traces de la gamine pourrie-gâtée que j’étais et que j’en fais encore qu’à ma tête parfois. Ah et je suis aussi à l’Université, mais pas vraiment de mon plein gré. Je suis en sport études afin de devenir joueuse professionnelle. En second domaine, j’étudie la comptabilité. A vrai dire je n’ai pas vraiment eu le choix. Mon paternel en a toujours pensé que faire carrière dans le sport, c’était être voué à l’échec. Lui qui était un crack en chiffres, il pensait que son savoir serait héréditaire et que j’allais en faire de même, alors il m’a « imposé » ce second cursus. Personnellement, ça me faisais chier, vraiment. Être assise pendant 3 heures dans un amphithéâtre de 600 personnes entassées comme du bétail… Non mais celui qui a inventé ça devait surement être un foutu éleveur de cochon ma parole. De toutes façon, c’était ça où il me coupait les vivres et ça ce n’était même pas envisageable.
by razorblade kiss.