TURN DOWN THESE VOICES INSIDE MY HEAD + « Que va-t-on bien pouvoir faire d'elle Charles ? » Du haut de ses dix ans, Alexis avait du mal à réaliser qu'il s'agissait bel et bien de la voix de sa mère qu'elle entendait. Tranquillement cachée dans les escaliers, accroupie, elle écoutait du coin de l'oreille la discussion que ses parents avaient dans la cuisine. Elle avait bien senti ces derniers jours que quelque chose se tramait et qu'on allait rapidement ne plus vouloir d'elle au sein de la demeure familiale. Pourtant, tout ça n'était pas de sa faute. « Elle est malade Resi, elle a besoin de notre aide. » Et oui, tout était la faute de cette terrible maladie mentale. Tout ça était de la faute de ces voix que la fillette entendait parfois dans sa tête, de ces nuits écourtées où elle se réveillait en hurlant à la mort, de cette peur qui la rongeait. Une prise d'otages, ça ne s'oubliait pas comme ça. Si les autres pouvaient avancer tant mieux, mais pas elle. Quelqu'un était mort, elle aussi avait cru y passer, et ses parents auraient tout simplement voulu qu'elle oublie tout ça. Qu'elle aille de l'avant, parce que quand on est jeune, on cicatrice plus vite qu'ils disaient. Cependant, la douleur était toujours bel et bien là. Et elle avait besoin d'aide, terriblement. « Je persiste à croire qu'on devrait l'envoyer chez ta sœur à New York. Partir ne pourra lui faire que du bien. » Totalement choquée, Alexis étouffa un cri de sa main droite, ne souhaitant pas se faire remarquer mais néanmoins, ses sentiments la trahissaient. Elle ne voulait pas partir, encore moins de l'autre côté de l'océan. Elle aimait Paris, elle aimait la vie qu'elle avait menée jusqu'ici, si on retirait ces derniers mois après cette prise d'otages. « Tu ne veux pas plutôt dire que ça te ferait du bien ? » Le père de la fillette semblait être le seul à prendre pitié d'elle et à vouloir encore se battre pour elle. Mais sa femme finit par avoir le dernier mot, et c'est ainsi qu'Alexis se vit déménager pour la Grosse Pomme. Elle n'avait que dix ans et elle était propulsée dans un tout autre monde.

PRETTY WOMAN WALKING DOWN THE STREET + Et elle dépose son micro sous les applaudissements de la foule qui s'est déplacée pour elle. Elle en rougirait presque, bien qu'à présent habituée à la vie sur scène. Ce n'était pas la première fois qu'elle se produisait dans ce café-bar, et elle reconnaissait même les visages qui se présentaient à elle. Des clients réguliers qui étaient tombés pour elle et son petit visage d'ange. Lorsqu'on voyait Alexis, on avait envie de l'aimer. Un si doux sourire, un regard à la fois pétillant et mélancolique, uc.